Homo homini lupus est
Après s'être forgé la conviction, au fil des millénaires,
que c'est l'intelligence qui le distingue de l’animal, l'Homme s'interroge désormais
sur le bien fondé de cette conclusion prétentieuse. Il risque alors d'y avoir de
sévères déconvenues pour ceux qui voyaient là le fondement de leur supériorité sur l'animal justement. Quant à la hiérarchisation des membres de l'espèce humaine entre eux, on retombe là dans le rapport dominant-dominé, bien connu de la
gente animale, en partant du principe qu’ « Homo homini lupus
est » : l'homme est un loup pour l'homme. (Plaute – 195 avant J.C. Ce n'est pas d’hier)
De l'intelligence à la sagesse il ne pourrait y avoir
qu'un pas. Sauf que si l'on consent à gratifier l'Homme d'intelligence, on ne
va quand même pas pousser le bouchon jusqu'à lui conférer le diplôme de
sagesse. Les choses ont bien évolué depuis l’antiquité où les proclamés
philosophes pouvaient écraser le vulgum pecus de leur science infuse. Avec
Internet, aujourd’hui tout le monde peut s’afficher comme sage donneur de leçon,
inventeur d’application bidon, intellectuel pourfendeur de réputation. Je ne
vais donc pas me gêner pour faire partie de tout ce monde-là.
Compression César |
Il suffit de voir comment tourne notre monde d’aujourd’hui
pour se rendre compte que les cerveaux dits intelligents ne parviendront pas à
enrayer l’ébullition de la planète bleue et encore moins l’engorgement des
décharges publiques. Alors que l'animal, quant à lui, n'a pas fait grand chose
pour faire réchauffer le climat. Bien qu'il se soit signalé un dépositaire de
cette fameuse supériorité méningée ayant osé affirmer que les flatulences des
bovins participent à aggraver l'effet de serre. Avec des arguments de ce
calibre pour déculpabiliser l'espèce humaine, on est encore loin de la sagesse.
Alors puisqu'on parle d'intelligence et de sagesse, de
confrontation homme-animal, et de décharge publique, évoquons ce qui de nos
jours sort très souvent de cette dernière, avec pour vocation certaine d’y
retourner, vous ne l’aurez pas encore compris mais je fais allusion à celles de
ces œuvres de l’art dit contemporain qui entrent dans la sous-catégorie dite de
l’art abstrait. Les cartésiens affublés du syndrome de Saint-Thomas passez
votre chemin. Nous entrons dans le monde de l’irrationnel.
La suppliante Pablo Picasso |
Je me souviens d'une conversation avec mon chien – voici
donc le vif du sujet - qui au cours d'une de ses envolées philosophiques -
canine donc la philosophie - m'a fait comprendre que Dieu a inventé l'art
abstrait pour donner une chance de popularité à ceux qui sont incapables de
peindre une fleur. Ne parlons pas d’un paysage et encore moins d’un portrait. Quand
La suppliante a vu son portrait par
Picasso, on comprend aujourd’hui pourquoi elle implore le Seigneur. Et pourtant
il avait bien commencé sa carrière le bougre. Ténor de l’abstrait, il avait
connu son heure de gloire dans le figuratif.
Le décor est planté. Et moi donc ipso facto étiqueté par
les galeristes de renom comme celui qui porteraient bien le seyant costume dit
de la camisole. Encore que pour me rassurer, un copain, philosophe lui aussi,
un cran au-dessous du niveau de mon chien, mais accessoirement as de la
contrepèterie, me disait qu'il valait mieux avoir la camisole que l'avoir quasi
mole. On en pensera ce que l'on veut mais dans certaines circonstances,
l'humour est salvateur pour se distraire de la dure réalité.
Et
mon chien de ne pas en rester là, de joindre le geste à la parole, lorsque
traversant les allées d’une exposition d’art contemporain, il leva la patte sur
une composition qui manifestement ne lui inspirait que ça. J'ai heureusement pu
interrompre à temps cette entreprise méprisante de l'œuvre, avant que cette
dernière ne soit souillée par mon philosophe à quatre pattes, et ainsi éviter
de m'acquitter du prix affiché. J’en eus été fort marri. Pensez donc.
Bernard Lavier FIAC |
du figuratif vers
l’abstrait
L’invention (puisque c’est le terme consacré) de
certaines grottes préhistoriques nous a fait découvrir par la même occasion les
prémices de l’art sur les parois des cavernes. On peut alors parler d’art naïf,
à la fois car les talents des artistes étaient en devenir, encore que, mais
aussi les techniques et les moyens de créer pour le moins rudimentaires.
Ajoutons à cela que l’ambiance de « l’atelier », dans lequel pouvait
surgir à tout moment le modèle, un tantinet affamé par plusieurs jours de
jeune, n’était pas forcément propice à la captation de l’inspiration.
Naissance de Vénus Sandro Botticelli |
En franchissant les étapes à grands pas, de ce point
de départ maladroit mais prometteur, jusqu’à la Naissance de Vénus de Sandro Botticelli, on ne peut que s’ébahir de
l’émergence du talent de l’espèce humaine qui, dans le domaine pictural, passe
sans heurt du maniérisme à l’impressionnisme, via le baroque et l’école de
Barbizon.
Ce n’est qu’après que cela se gâte. Lorsqu’au début du
siècle précédent nos artistes tombent dans le cubisme et qu’on découvre en
autres La femme en pleurs de Picasso.
On comprend alors la raison de son chagrin. C’est donc bien notre période contemporaine qui enfante
de l’art du même nom, lequel devient abstrait, on ne sait pourquoi.
Peut-être y’a-t-il malgré tout quelques explications.
Au premier rang desquelles on peut inscrire la
démocratisation. Pas seulement en politique, et son incidence directe sur la
vie sociale, mais dans tous les domaines, y compris artistique, avec en
corollaire l’émergence du droit sur le devoir. L’égalité instaurée entre tous
les citoyens annihile la notion d’élitisme. Le vulgaire a droit à sa
reconnaissance même s’il en oublie le devoir de compétence. C’est le triomphe
de la médiocrité que cultive à merveille nos médias.
La Femme en pleurs Pablo Picasso |
S’instituer artiste en pondant des horreurs, en
décrétant que des détritus anarchiquement assemblés deviennent œuvre d’art,
c’est une chose. Y acquérir la célébrité en est une autre. C’est là qu’entre en
action le processus de valorisation des déchets. Il faut alors entrer dans le
cercle du snobisme sentencieux et gagner la faveur de ceux qui ont déjà pignon
sur rue dans le domaine pour pouvoir justement décréter et instituer. En forme
d’intronisation.
Au temps de la Renaissance italienne, l’œuvre
s’imposait à ses contemplateurs. Elle faisait éclater au
grand jour le talent de
son créateur. De nos jours ce n’est plus possible, on comprend pourquoi. Une composition
quelconque doit donc être instituée par un processus complexe pour recevoir le
qualificatif d’œuvre d’art. Il faut en décider. L’œuvre ne peut plus s’imposer
d’elle-même, comme un objet d’admiration, puisque dénuée de tout génie créatif. En parlant de génie, s’ouvre immédiatement le débat sur l’approche subjective
du thème. Qui peut qualifier de génie ? Où est la frontière entre le génie
génial et le génie schizophrène ? La déraison est-elle dénuée de
talent ?
Mais au final là n’est pas la vraie raison. Le sens
caché de tout cela se trouve dans l’agacement de la minorité affranchie à se
voir rejointe dans son pouvoir de discernement entre le beau et le laid par le
vulgaire. Je veux parler du bas-de-plafond de l’espèce, l'homo vulgaris trainesavatus, qui se prend à faire des études pour le plus inspiré, à surfer
sur internet pour le plus éreinté. Admirer la beauté, s’ébahir du talent étant
accessible à tous, l’élite ne pourra désormais conserver son statut qu’en ayant
le pouvoir d’imposer au vulgum pecus un truc improbable. L’élitisme en matière de
perception artistique appartiendra alors à celui qui peut élever la paire de
godasses au rang d’œuvre majeure. Et pour ceux qui donnent dans le démesuré, à
celui qui emballera le Pont Neuf dans une toile (Christo – 1985) et décréter
que l’on atteint l’excellence, la primauté du talent. Un artiste est né . Nous voilà bien !
Œuvre éphémère
La grande caractéristique de notre époque est de ne
plus œuvrer pour les générations futures. C’est normal, plus on prend
conscience du futur qu’on leur prépare moins on a envie d’y aller. Autant nos
anciens pouvaient s’engager dans une entreprise sans en connaître l’aboutissement
et en recueillir les lauriers, autant notre époque veut posséder dans
l’instant, jusqu’à la notoriété, sans s’inquiéter de ce qu’elle laissera à la
postérité.
A croire que la
seule chose qu’on laissera à nos enfants, et cela pour une durée qui se
chiffre en milliers d’années, ce sont nos décharges empoisonnées dans
lesquelles ils ne pourront plus mettre les pieds. Le Divin a peut-être
d’ailleurs entrevu la chose puis qu’il a appliqué un premier correctif à la
dérive de l’espèce humaine consistant à faire baisser le taux de fertilité
masculine.
Il faut jouir de tout, tout de suite, sans s’occuper
de ce dont demain sera fait. C’est le summum de l’égoïsme, c’est le moi-maintenant.
Le toi-demain, je m’en moque.
Jeff Koons Versailles 2012 |
En premier stade de l’expression avant l’écriture,
l’expression artistique de nos ancêtres a servi à décrypter beaucoup de choses
sur leur mode de vie au fil des siècles, depuis que l’homme a fait de son
intelligence un critère de supériorité sur l’animal. Mais que retiendra
l’histoire de notre art contemporain ? Qu’apprendront nos descendants à la
seule étude de notre production artistique ? Il y a fort à parier qu’ils diagnostiqueront
là le point de départ du mal qui les ronge et concluront aux prémices de la dégénérescence
mentale et de régression conceptuelle qui les amoindrissent. Ils toucheront du
doigt les limites du repliement sur le droit-à-tout. Ô Egoïsme exacerbé,
pourquoi ne m’as-tu pas ouvert à mon devoir d’enjoliver le monde.
Le prix d’une œuvre
Le quidam non instruit aux avantages de la
connaissance artistique, un "ign'art" donc, confronté à un cercle de connaisseurs auto proclamés en matière d'art dit contemporain, devra se
torturer les méninges pour trouver le qualificatif d’émerveillement ad ‘hoc,
propre à travestir son incompétence en la matière, et exprimer du même coup son
ressenti sans passer pour le péquenaud de service. Vous l’imaginez attendu au
coin du bois par les affranchis, experts en monochrome et autre compression
hasardeuse.
Alors qui détient la vérité, le péquenaud ou
l’affranchi ? Mais encore, contempler, s’interroger, critiquer, admirer, est
une chose. Mais acheter, en voilà une autre. Et surtout à quel prix ?
Regard langoureux |
Premier principe : c’est forcément cher. Le prix
d’une œuvre ne peut être que très élevé, sinon son auteur se classerait d’office
dans la catégorie des artistes au rabais. C’est donc ce dernier qui situe lui-même
le fruit de son talent entre le détritus et l'œuvre majeure. C’est à lui de placer
le curseur qui, sur l’échelle du talent, va de l’insignifiant à l’artiste de
génie. Autant commencer fort, même si cela prend un peu plus de temps pour atteindre la notoriété. Après, c’est affaire de circonstance et de hasard, on dira donc de chance. Quand
il aura affiché la fourchette tordue à 2000 €, il faudra trouver le gogo qui le
hissera au rang de maître en lui faisant le chèque approprié.
Deuxième principe : relations et carnet
d’adresses. C’est là que ça se complique. Tout le monde n’a pas la chance
d’avoir Bernard Arnaud dans le répertoire de son smartphone et de retrouver
ainsi sa fourchette tordue intronisée dans le musée de la fondation Louis
Vuitton.
Car il faut bien se le dire, ce qui n’est pas encore
une œuvre du seul talent de son concepteur peut le devenir du fait de son
sponsor, qu’en matière d’art on appelle mécène. L’habileté
commerciale de ce dernier se substitue au talent de l’artiste qui, quant à lui,
est forcément défaillant. Pensez donc, pour faire d’un objet insignifiant une
œuvre d’art, il faut nécessairement le décréter, cela ne vient pas tout seul.
Troisième principe : n’appelez jamais un chat un
chat. La fourchette tordue deviendra « soupir »,
« transcendance » ou « regard langoureux ». C’est comme sur
la carte d'un chef étoilé. Vous ne ferez pas s’attabler un badaud pour un
cannelloni sauce au chocolat, mais en revanche pour un « espoir de
blé tendre en sa robe noire », il ne peut être que séduit. La déception surviendra
plus tard, en deux temps. Le premier à la livraison du cannelloni sur la table
par le serveur emprunté, on le comprend. Le second à la lecture de l’addition.
L’imagination ça se paie. Si ce n’est dans l’assiette, au moins pour le libellé
de la carte.
Quatrième principe : persévérance. Les
opportunités étant affaires de circonstance, au crépuscule de votre vie
artistique vide de tout succès, il ne faut pas écarter l’idée qu’une notoriété du
showbiz du moment, un people selon le terme en vogue, décide de contrarier une de
ses relations en lui mettant dans les pattes un gros n’importe-quoi. D’autant plus contrariant puisqu’offert en cadeau,
donc impossible à mettre à la poubelle, sauf à construire un scenario improbable. C’est là
que, fortuitement, alors que notre célébrité allait mettre un coup de pied dans
le fruit de votre inspiration solidifiée à grand coup de marteau sur un fond de
casserole, que personne n’avait remarqué jusqu’alors, et pour cause, que l’idée géniale lui vient d’embarrasser son
ami de ce qui vous débarrassera. Le cadeau offert par « untel-bien-en-vue-du-gotha »
deviendra dans l’instant « the » cadeau d’un dénicheur perspicace.
Cinquième principe : conviction. Ne pensez à
aucun moment que ce que vous avez extirpé de votre concasseur d’occasion
deviendra un objet de convoitise si vous-même ne le considérez pas déjà comme
tel. Là encore, c’est le vendeur, c’est-à-dire vous, qui par votre surenchère inspirée
en ferez le dernier objet de vanité dont nul ne peut plus se passer.
Sixième principe : la signature. Il faut bien
entendu que l’objet sublimé par le fait d’avoir été acquis par le « untel-bien-en-vue-du-gotha »
emporte votre signature. A défaut vous aurez du mal à vous raccrocher au succès
de votre rescapé de l’incinérateur. Il faut donc appliquer un signe distinctif
à tous les déchets auxquels vous espérez un avenir prometteur. Pas le patronyme
de votre état civil, bien entendu, vous risqueriez de vous faire verbaliser par la
police de la propreté quand, de guerre lasse, vous aurez décidé de vous en
séparer réellement en le jetant au hasard. Ces fonctionnaires tatillons et
terre-à-terre n’ont pas la même conception de l’art que les galeristes de
renom.
Les promoteurs
Ne perdez pas la boule |
De tous temps les artistes ont été supportés par des
mécènes. François 1er, en important les œuvres de la Renaissance
italienne, et leurs auteurs par la même occasion, jalousait leur talent. Il
voulait stimuler la création française et la faire surpasser sa devancière
transalpine.
Une œuvre figurative est l’expression d’un talent
artistique. Elle se vend d’elle-même. Une œuvre abstraite est l’œuvre d’un
talent commercial. C’est le boniment de son promoteur, de son mécène, qui en fera
une œuvre justement.
Ce qui dérange les connaisseurs auto-proclamés avec le
figuratif, c’est vous et moi, les vulgaires que nous sommes, capables de faire
œuvre d’émerveillement à leur égal, de nous hisser à leur niveau pour
reconnaître la prouesse de l’artiste. Il a donc fallu trouver un domaine où la
raison du plus fort appartiendra à celui qui parlera le plus fort justement.
L’art abstrait était tout désigné pour recréer cette élite. Celle-là même qui
s’organise en détentrice de la vérité en matière de signification, forcément
fumeuse, et en matière de qualité forcément inaccessible au non accrédité.
Certains se vantent de ne pas acquérir d’œuvres chères. Ils se placent ainsi en découvreurs de talents. C'est un pari à la fois prudent et d'une grande prétention. En cas d'échec ils seront félicités pour avoir donné leur chance aux débutants. En cas de succès, ils s'approprieront alors le bénéfice de la découverte en ayant appliqué leur notoriété à la promotion du jeune talent. On dira alors que ladite pièce qui a réussi à émerger du magma des promis-à-la-décharge est extraite de la collection de... C'est à la fois du dernier chic et d'une grande habileté dans le commerce de la notoriété.
La Punta della Dogana |
Les grands promoteurs de cette forme d'art tiennent un comptabilité scrupuleuse de leur collection. Moins pour le regard indiscret du fisc que pour ne pas y voir accéder des œuvres clandestines. Imaginez en effet que le personnel de ménage oublie un soir un seau et sa serpillière au beau milieu du nouveau musée Pinault, la Punta della Dogana à Venise
. Imaginez qu'à l'ouverture, les badauds, non prévenus de l'oubli car personne ne l'est bien entendu, s'extasient devant cette pièce de la collection en l'affublant de ce qu'ils se croient obligés de déblatérer pour exprimer un ressenti un tantinet tiré par les cheveux. Nous voilà donc devant une oeuvre non inscrite au catalogue et qui d'un instant à l'autre prend une grande valeur artistique. C'est comme cela que naissent les artistes dans le registre de l'art abstrait. C'est quand même assez bluffant, non ?
Oeuvre clandestine |
Extrapolation
Déchargé du fardeau de devoir justifier d’un talent
pour créer, l’artiste new age peut donner libre court à ce que la modernité
lui autorise désormais : s’exprimer sur les murs de la cité. Car la grande
caractéristique de l’époque est de ne plus rougir de ses insuffisances et carences. Et de s’afficher désormais avec fierté dans
la médiocrité, comme une revanche au talent trop longtemps adulé. C’est ainsi
que des êtres dépourvus d’amour propre ouvrent leur porte à des caméras de
télévision pour exposer la malpropreté de leur nid douillet.
Si tu n’es pas capable d’abattre ton ennemi,
embrasse-le. C’est ainsi que, devant l’impossibilité d’enrayer l’emballement de la
machine à produire des chefs-d'œuvre, au point de ne produire plus que des sous œuvres,
l’autorité en place n’a eu d’autre issue que de laisser polluer le paysage par
les défécations mentales de cerveaux en décomposition. Et donc de leur conférer
une raison d’être. Elle a alors classé dans le domaine de l’art les souillures qui couvrent désormais les
murs de nos cités modernes . L’affaire est pliée pour
les siècles des siècles. La démocratie c’est le triomphe de la médiocrité.
Dommage que l’espèce humaine n’ait pas trouvé meilleur régime pour policer ses
oyes et combattre ainsi leur propension à donner libre cours à leurs vices.
Projetons-nous dans l'avenir. Comme il fallait s'y attendre,
la planète aura subit un cataclysme majeur destiné à faire un brin de ménage. Et
lorsque le Créateur magnanime retrouvera son calme après avoir piqué sa rogne
céleste, il désignera certainement quelques élus pour donner une seconde chance
à l'espèce humaine. Restera aux heureux rescapés à repartir à zéro.
A zéro ? Pas tout à fait, car dans leurs déambulations
abasourdies, en quête d’abri et autre subsistance, ils tomberont, entre
deux lambeaux de murs couverts de ce fameux art du XXIème siècle, sur la
fourchette tordue. Elle avait pourtant encore pris du crédit, puisque négociée
à 53000 € par Sotheby's aux dernières enchères de Londres, avant le grand coup
de torchon inhumain, puisque divin. Gageons qu’ils se réconfortent alors
d’avoir sauvé une pièce de collection inestimable ou presque et se trouvent
réconfortés de tomber sur la fortune pour tout recommencer. Espérons qu’ils
sauront redresser ladite fourchette pour lui restituer sa vocation première :
acheminer une portion de nourriture terrestre vers un corps affamé. La
sustentation de l’esprit attendra une période plus faste.
Il se diront alors que le confort a sa part de responsabilité dans les dérives spirituelles et que nécessité faisant loi, une fourchette c'est finalement bien pratique pour manger.
Pas mal, pas mal, et pan dans la gueule
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